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Bienvenue à Iterville

A mi-chemin de Saint-Paul-lez-Durance et de Vinon-sur-Verdon, en lisière du centre CEA de Cadarache, une ville nouvelle est née. Partie de rien, gagnée sur la forêt et la garrigue, elle s'est peu à peu dotée de tous les attributs d'une petite cité : routes goudronnées, feux de signalisation, restaurants, infirmerie, service d'incendie et de secours, réseau de transport public... et jusqu'à un journal pour rendre compte de l'actualité locale.

Une enclave internationale de la taille de la Principauté de Monaco... trente nationalités, 5 000 entrées quotidiennes — ITER est désormais une petite ville de la taille de Forcalquier, Vaison-la-Romaine, ou Carry-le-Rouet. (Click to view larger version...)
Une enclave internationale de la taille de la Principauté de Monaco... trente nationalités, 5 000 entrées quotidiennes — ITER est désormais une petite ville de la taille de Forcalquier, Vaison-la-Romaine, ou Carry-le-Rouet.
Cette petite ville — appelons-là « Iterville » — est une enclave internationale sur le territoire français. Sa superficie (180 hectares) est comparable à celle de la Principauté de Monaco avant que celle-ci ne gagne quelques arpents sur la mer. Sa population est remarquablement cosmopolite : plus de trente nationalités, autant de cultures et une lingua franca, l'anglais, qui n'est langue maternelle que pour une minorité.

Pour pénétrer dans cette enclave, un passeport, sous forme de badge d'accès, est indispensable. Leurs titulaires sont au nombre de 7 000 et, chaque jour en moyenne, plus de 5 000 d'entre eux —l'équivalent de la population de Forcalquier, Vaison-la-Romaine ou Carry-le-Rouet — passent les portes d'Iterville.

Qu'ils se dirigent vers leur bureau, dans un immeuble de cinq étages dessiné par l'architecte Rudy Ricciotti ; qu'ils prennent le chemin du chantier ou des ateliers de fabrication, les habitants sont tous tendus vers le même objectif: construire dans les meilleurs délais la machine la plus complexe jamais conçue.

Confrontée à cet immense défi, Iterville ne dort quasiment jamais. Dans les bureaux, la journée commence tôt, les ordinateurs se déconnectent tard — et se reconnectent souvent avant que la journée de travail ne recommence. Sur le chantier, qui mobilise plus de 2 500 personnes, l'activité est organisée en deux postes et demi. Les lumières ne s'y éteignent jamais et les grues y sont rarement immobiles. Partout, un sentiment d'urgence prévaut : la machine doit être opérationnelle à la fin de l'année 2025.

ITER, pourquoi et comment ?

L'enjeu: démontrer la faisabilité technique et scientifique de « l'énergie de fusion » à l'œuvre dans le Soleil et les étoiles et ouvrir la voie à une source d'énergie nouvelle, sûre, propre et virtuellement inépuisable.

Les moyens : une machine de fusion — un « tokamak » — au sein de laquelle un plasma d'hydrogène est porté à la température (150 millions de degrés) à laquelle les réactions de fusion peuvent se produire.

Les acteurs : la Chine, l'Union européenne, l'Inde, le Japon, la Corée, la Russie et les États-Unis. La France participe à ITER à la fois dans le cadre de l'Union européenne et au titre de « pays hôte » de l'installation.

Le calendrier : le Tokamak ITER doit être opérationnel à la fin de l'année 2025, et monter progressivement en puissance pour aborder les opérations génératrices d'énergie en 2035.

Les défis : la phase d'assemblage de la machine, qui débute au printemps prochain, est une des plus délicates de tout le programme ITER. Des pièces pesant plusieurs centaines de tonnes doivent être assemblées avec des tolérances inférieures au millimètre.

Chaque jour, plus de 300 camions et semi-remorques viennent livrer les matériaux indispensables aux travaux en cours : barres de ferraillage, châssis de coffrage, poutres d'acier, canalisations de toute longueur et de tout diamètre, tourets de câble électrique... Le béton coule comme un fleuve des deux centrales qui le fabriquent — jusqu'à 200 mètres-cubes par heure en fonction des besoins. Le plus grand chantier d'Europe, sinon du monde, est un ogre qui doit être sans cesse alimenté.

C'est que tout, ici, est hors-norme. L'édifice de béton et d'acier qui domine Iterville et l'écrase de sa masse — le Complexe Tokamak — ne culmine qu'à 60 mètres. Mais il est 15% plus « lourd » que l'Empire State Building, qui se dresse à près de 400 mètres au dessus de Manhattan.

Dans le vaste hall ou seront préassemblés les éléments de la machine, le pont roulant est capable de lever des charges de l'ordre de 1 500 tonnes — l'équivalent de 1 500 véhicules de taille moyenne, 300 éléphants d'Afrique ou quatre Boeing 747 à pleine charge. Le poste électrique, qui occupe quatre hectares et alimentera la machine et ses systèmes auxiliaires, est dimensionné pour une ville de 3,5 millions d'habitants.

Enclave internationale et « installation nucléaire de base » au regard de la réglementation de sûreté nucléaire française, Iterville n'est pas pour autant une ville fermée. Responsables politiques venus du monde entier, industriels et chefs d'entreprises, occasionnellement un prince (de Monaco) ou une princesse (de Thaïlande), associations de retraités, étudiants et scolaires, touristes de passage, près de 15 000 visiteurs y sont accueillis chaque année.

Iterville aura dix ans l'année prochaine mais sa croissance n'est pas terminée. Sur la quarantaine de bâtiments programmés, moins de dix restent à construire, dont celui qui abritera la salle de contrôle du Tokamak.

Quand tout sera parachevé, quand la machine aura été assemblée, les systèmes auxiliaires connectés et activités, la petite ville et ses habitants pourront se préparer à leur grand rendez-vous avec l'histoire. A Iterville, l'humanité s'apprête à réaliser un rêve prométhéen : puiser au feu des étoiles l'énergie de la civilisation de demain.