Monde de la fusion

Des projets en grand nombre

Les gouvernements du monde entier dévoilent les uns après les autres leurs stratégies dans le domaine de l'énergie de fusion. Des thèmes communs ressortent systématiquement : d'importants défis techniques subsistent sur la voie de la commercialisation, un cadre réglementaire clair est nécessaire et les partenariats public-privé sont essentiels pour accélérer les progrès. Vous trouverez ci-dessous une sélection des derniers documents d'orientation, annonces et programmes stratégiques publiés par les membres d'ITER.

Image KSTAR gracieusement fournie par l'Institut coréen de l'énergie de fusion KFE.

Chine : La Chine a inscrit le développement de l'énergie de fusion parmi les objectifs de son 15e plan quinquennal couvrant la période 2026-2030. Cette annonce fait suite à celle, faite cet été, de la création d'une société publique spécialisée dans ce domaine, la China Fusion Energy Co., qui sera une filiale de la China National Nuclear Corporation. La stratégie à long terme de la Chine en matière de fusion comprend un réacteur de démonstration, le China Fusion Engineering Demo Reactor, qui servira de passerelle entre ITER et les futures centrales à fusion commerciales.

Union européenne : Une mise à jour de la stratégie de l'Union européenne en matière d'énergie de fusion est prévue avant la fin de l'année. Elle visera à renforcer la voie vers la commercialisation grâce à une coordination accrue entre les secteurs public et privé ainsi qu'à une approche spécifique de la réglementation. Plusieurs rapports et documents de travail récents ont alimenté les travaux préparatoires. On peut citer, entres autres, « Vers une stratégie européenne en matière de fusion » du groupe d'experts sur la fusion de l'Union européenne, publié en avril ; « L'énergie de fusion : un changement de paradigme dans la production d'électricité en Europe ? » publié en septembre par le Service de recherche du Parlement européen (EPRS) ; et « Cadres réglementaires pour les technologies de fusion » publié le mois dernier par le Groupe international d'experts juridiques sur l'énergie de fusion (FELEX).

Inde : À l'instar des autres membres d'ITER, l'Inde explore actuellement différents concepts pour un réacteur de démonstration, DEMO, qui permettra de tester les technologies destinées à un réacteur à fusion. Le pays envisage une approche en quatre étapes pour établir les performances énergétiques, la production de tritium, le ravitaillement en combustible lors d'opérations à impulsions longues et l'intégration technologique en vue de la mise en place d'une usine pilote (pour plus de détails, voir ce document). Lors d'un événement récent organisé à ITER (India Fusion Day), des représentants du gouvernement et de l'industrie ont souligné que la participation à ITER constituait un élément clé des plans de recherche sur la fusion de l'Inde et le fondement d'une industrie domestique de la fusion nucléaire.

Japan : En juin 2025, le cabinet du Premier ministre japonais a mis à jour sa stratégie d'innovation dans le domaine de l'énergie de fusion en mettant l'accent sur « l'industrialisation de l'énergie de fusion » comme élément central de sa vision stratégique (voir tous les documents en japonais ici) et en proposant d'accélérer le calendrier. Cette stratégie vise à tirer parti de l'expertise japonaise acquise dans le cadre de projets tels qu'ITER et le tokamak JT-60SA Europe-Japon, tout en renforçant la chaîne d'approvisionnement nationale afin de développer une industrie locale de la fusion nucléaire grâce à des initiatives coordonnées entre les secteurs public et privé, ainsi qu'à un cadre réglementaire adapté. En 2025 également, le Conseil japonais de l'énergie de fusion a publié un rapport sur l'industrie japonaise de l'énergie de fusion contenant des recommandations relatives à la réglementation de la fusion au Japon (disponible en japonais et en anglais).

Korea : Lors du Forum sur la stratégie de développement des technologies de l'énergie de fusion nucléaire, organisé en octobre par le ministère coréen des Sciences et des TIC, les responsables ont dévoilé une feuille de route (disponible en coréen ou en anglais) visant à accélérer les progrès dans huit technologies clés de la fusion nucléaire. Certaines de ces technologies, comme les systèmes de chauffage, les aimants supraconducteurs ou encore les applications d'intelligence artificielle, peuvent être testées sur le dispositif KSTAR (Korean Superconducting Tokamak Advanced Research), qui sert de modèle réduit aux futurs réacteurs. D'autres domaines clés, comme les matériaux de fusion, les technologies permettant un fonctionnement continu à long terme ou l'extraction d'énergie, et le cadre réglementaire seront développés grâce à une collaboration renforcée entre les universités, l'industrie et les instituts de recherche, ainsi qu'à la participation du pays au programme ITER. Une étude de faisabilité préliminaire sera lancée afin de sélectionner un site pour des infrastructures de recherche avancées. 

Russian Federation: Le développement des technologies de fusion et de plasma fait partie du projet fédéral U3 de la Fédération de Russie, qui s'inscrit dans le cadre plus large du programme global DETSR sur l'énergie nucléaire. Le champ d'application des travaux, qui vise à garantir « des progrès équilibrés vers l'énergie de fusion nucléaire », couvre cinq domaines : les technologies de base de la fusion nucléaire, le développement de technologies et de systèmes de réacteurs hybrides (fusion-fission), les applications industrielles innovantes, la fusion nucléaire par laser et l'élaboration d'un cadre réglementaire pour les systèmes de fusion et hybrides. Le programme s'étend jusqu'en 2030. (Pour plus de détails, cliquez ici.)

United States: En octobre, le département américain de l'Énergie (DOE) a annoncé sa Fusion Science and Technology Roadmap, une stratégie nationale visant à accélérer le développement et la commercialisation de l'énergie de fusion. Elle identifie les principales lacunes en matière de recherche, de matériaux et de technologie qui doivent être comblées pour réaliser une usine pilote de fusion (FPP) et définit une stratégie « Build–Innovate–Grow » (construire, innover, croître) afin de coordonner et d'aligner les investissements publics avec l'innovation privée. Un deuxième document publié en octobre par la Commission sur la mise à l'échelle de l'énergie de fusion par le groupe SCSP appelle à la commercialisation rapide de l'énergie de fusion en tant que priorité stratégique pour les États-Unis et suggère un investissement d'au moins 10 milliards de dollars.