25 ans après Genève, la première pierre
19 Nov 2010
-
Robert Arnoux
Vingt-cinq ans, à deux jours près, séparent ces deux événements: le 19 novembre 1985, à Genève, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev s'engageaient à développer "pour le bénéfice de l'humanité tout entière" un ambitieux programme de recherche sur l'énergie de fusion; le 17 novembre 2010, à Cadarache, on posait la première pierre du siège de l'organisation internationale chargée de mettre en œuvre ce programme et de construire la plus ambitieuse des "machines de fusion" jamais conçues.
La communauté mondiale de la fusion, ces chercheurs convaincus que l'on peut reproduire, ici sur Terre, les réactions physiques qui donnent vie au Soleil et aux étoiles, attendait ce moment depuis plus longtemps encore. "Dès le milieu des années soixante-dix, nous avons commencé à élaborer ce qui est aujourd'hui ITER", devait rappeler Evgueny Velikhov, l'une des personnalités les plus emblématiques de cette communauté, qui fut longtemps le conseiller scientifique de Mikhaïl Gorbatchev et préside aujourd'hui le Conseil ITER.
"Nous savions que seul un vaste programme international pourrait nous permettre de démontrer la faisabilité scientifique et technique de l'énergie de fusion. En 1985, Gorbatchev, qui avait longuement discuté de ce projet avec le président Mitterrand lors de sa première visite en France, un mois avant la rencontre au sommet de Genève, l'a proposé à Reagan. Et c'est ainsi que tout a vraiment commencé."
Un quart de siècle après Genève, les représentants de la communauté mondiale de la fusion étaient rassemblés sur la plateforme ITER pour poser - ou plutôt dévoiler... - la première pierre du Bâtiment Siège d'ITER Organization - un rocher de 2,5 tonnes, extrait de la fosse du tokamak et "travaillé" par le sculpteur marseillais Bernard Brandi.
"Le rêve que nous avons si longtemps nourri s'est mué en une réalité tangible, devrait déclarer le Pr. Osamu Motojima, directeur général de ITER Organization. Nous allons faire naître un petit Soleil à Cadarache."
Le Bâtiment Siège, qui se situe en contrebas de la plateforme, accueillera dans 18 mois quelque 500 des collaborateurs d'ITER Organization. Il comprendra une cafétéria, un amphithéâtre de 500 places, une salle destinée aux réunions du Conseil ITER et communiquera directement, par un accès souterrain, à la salle de commande de la machine.
Conçu par les architectes Rudy Ricciotti (Marseille) et Laurent Bonhomme (Vinon), il est réalisé sous maîtrise d'ouvrage de l'Agence Iter France et financé conjointement par l'Europe et la France.
Le Pr. Motojima a souligné que ce bâtiment de 24 000 mètres carrés, élégant, lumineux, fonctionnel et parfaitement intégré dans son environnement n'existait qu'à une seule fin : "Il doit nous offrir le cadre où nous travaillerons de toutes nos forces pour faire en sorte qu'ITER soit opérationnel dans les délais prévus."
En présence de nombreux élus locaux, au nombre desquels les maires d'Aix, de Manosque, de Saint-Paul-lez-Durance, de Vinon, de Corbières, les représentants des sept Membres d'ITER, qui se trouvaient rassemblés à Cadarache dans le cadre de la 7e réunion du Conseil ITER, le directeur général d'ITER Organization et le président du Conseil ITER ont apposé leur signature sur un parchemin qui a été scellé dans la "première pierre" du bâtiment.
"Ce document, a conclu le Pr. Motojima, témoignera pour les siècles à venir de notre grande aventure humaine, scientifique et technologique."