Livraison des composants
50e convoi hors-norme en 6 ans
1 fév 2021
Il y a six ans, par une froide matinée de janvier, le premier d'une longue série de « convois hautement exceptionnels » franchissait les portes d'ITER. Fourni par les États-Unis, mais fabriqué en Corée, le transformateur haute tension de 90 tonnes avait voyagé sur un porte-conteneurs, une barge, puis une remorque pour effectuer un périple maritime de 9 000 kilomètres avant d'entamer un parcours routier de 104 kilomètres le long de l'« itinéraire ITER ». Au cours des années suivantes, plus d'une centaine de charges ont été livrées au chantier ITER, et nombre d'entre elles étaient encore plus larges, plus longues et plus lourdes. Le vendredi 29 janvier à l'aube, le 50e convoi en six ans est entré sur le site d'ITER pour y livrer les deux derniers segments du « couvercle » du cryostat.
Ce 50e convoi, qui transportait les deux derniers segments du couvercle du cryostat, traverse l'autoroute A51 lors de la dernière étape de son voyage vers le chantier ITER.
Une fois encore, la logistique imposante et ultra-précise que requiert la livraison des grands composants a été parfaitement déployée, avec pas moins de trois douzaines de véhicules et près d'une centaine de personnes, dont un escadron complet de gendarmes spécialisés.
Chaque composant étant unique, son transport par l'Itinéraire ITER n'est jamais routinier. Tout au long du trajet, la vitesse et la trajectoire de la remorque sont déterminées par les dimensions, le poids du colis et son centre de gravité. Une fois calculées et modélisées, les instructions sont introduites dans la tablette des chauffeurs et doivent être scrupuleusement respectées. La signalisation routière doit être démontée avant le passage du convoi, puis réinstallée immédiatement après. Les gendarmes en deux-roues sont chargés d'ouvrir et fermer la circulation au niveau des intersections afin de garantir la sécurité du convoi et celle du public. Dans le cadre de la planification de chaque convoi, les employés de l'autoroute gèrent la fermeture des chaussées à la circulation durant toute la nuit et leur réouverture le matin suivant.
Chaque composant étant unique, son transport par l'Itinéraire ITER n'est jamais routinier. Quelques instants avant le départ, les chauffeurs, les opérateurs techniques et les forces de sécurité se réunissent une dernière fois pour revoir les spécificités de l'opération.
Chacun des acteurs a beaucoup appris au cours de ces six années d'expérience. L'opération, soigneusement planifiée, a acquis une fluidité qui permet de réduire considérablement l'impact de chaque convoi sur la population locale—un paramètre important quand on considère qu'une centaine de pièces exceptionnellement massives doivent encore être livrées avant le premier plasma.
Voir une courte vidéo sur le 50e convoi d'ITER, filmée par Dici TV.
Quelques faits marquants des six dernières années dans la galerie ci-dessous.
janvier 2015
Un moment historique. Le 14 janvier 2015, à l'aube, le premier « convoi hautement exceptionnel » franchit le portail ITER : un transformateur à haute tension fabriqué en Corée pour le compte de l'agence domestique américaine.
juin 2020
Sur cette route entre les raffineries de pétrole et le village de Berre, ce véhicule autopropulsé (SPMT) chemine lentement. Sa charge—l'une des plus importante de la phase d'assemblage ITER—dépasse les 11 mètres de largeur et pèse 400 tonnes. C'est une bobine de champ poloïdal, PF6, qui a été fabriquée en Chine pour le compte de l'agence domestique européenne.
septembre 2013
Un premier « convoi-test », reproduisant les conditions de transport des pièces du tokamak, permet de mesurer la résistance des ouvrages d'art qui jalonnent les 104 kilomètres de « l'Itinéraire ITER », entre l'Etang de Berre et le site de Saint-Paul-lez-Durance. Des riverains curieux y assistent, malgré l'heure tardive ...
avril 2014
Un deuxième convoi test est organisé au mois d'avril 2014. Il s'agit de tester, outre la logistique globale du convoi jusqu'au site de construction, la partie maritime du trajet depuis le Golfe de Fos, où les pièces de la machine ITER seront déchargées, jusqu'au débarquement sur la rive nord-ouest de l'Etang de Berre.
août 2020
Le premier de neuf secteurs de la chambre à vide est livré par la Corée au mois d'août 2020. Huit autres secteurs sont attendus dans les prochaines années (trois fournis par la Corée, et cinq par l'Europe).
avril 2020
Une bobine de champ toroïdale, TF12, est livrée par le Japon au mois d'avril 2020. A la fin d'un voyage de presque 10 000 km, le composant traverse le village de Peyrolles-en-Provence, 20 km à l'ouest du site ITER.
avril 2020
L'Europe livre la première bobine de champ toroïdal du système magnétique ITER (TF9) le 17 avril 2020. Dix-huit autres sont attendues (18 pour la machine et une de rechange).
mai 2017
Trois cuves pour le stockage d'hélium gazeux cheminent le long des routes provençales au mois de mai 2017, en route pour ITER. Fournies par l'agence européenne Fusion for Energy, elles seront installées à l'extérieur de l'usine de cryogénie.
avril 2016
Le 21 avril 2016, un convoi exceptionnellement long (250 mètres) traverse les routes du sud de la France. Sa charge précieuse ? Deux poutres de 50 mètres de long (et 47 tonnes) pour les ponts roulants du Hall d'assemblage.
septembre 2015
Ces grandes cuves fournies par les Etats-Unis seront installées dans le sous-sol du Bâtiment tokamak, ou elles recueilleront l'eau de refroidissement dans certaines situations opérationnelles bien définies. Elles sont arrivées sur le site ITER à 3h du matin le 17 septembre 2015.
décembre 2015
Ajoutant une lumière colorée aux lumières de fête, ce triple convoi ITER traverse le village de Saint-Paul-lez-Durance dans la nuit du 9 au 10 décembre 2015, transportant des éléments du cryostat.
mai 2018
Quelques heures avant le lever du soleil, le 30 mai 2018, un convoi de trois convertisseurs-transformateurs passe les grilles d'entrée du site ITER après 3 nuits de voyage. Pesant 90 tonnes chacun et fournis par la Corée, les équipements sont destinés aux bâtiments de conversion de puissance.
mars 2017
Quelques éléments du cryostat d'ITER passent devant l'ancien pont de Mirabeau, construit en 1847 et détruit pendant la Première Guerre mondiale. Nous sommes à quelques kilomètres du chantier ITER.