Assemblage de la chambre à vide

Un tiers du chemin parcouru

Les bonnes choses viennent toujours par trois ? Ce dicton s'est certainement vérifié cette semaine à ITER, avec l’installation d’un troisième module de la chambre à vide dans le puits du tokamak.

Une fois sorti de l'outil géant où il a été assemblé, un module doit opérer une rotation de 90 degrés afin de s'aligner avec la trajectoire qu'il suivra vers le puits d'assemblage du tokamak.

L'achèvement de cette opération de levage, qui a débuté dans l'après-midi du 24 novembre et s'est terminée le 25 novembre, signifie que trois des neuf modules de la chambre à vide sont désormais en place. Chaque module représente une section de 40 degrés de la chambre à plasma et se compose d'un secteur de la chambre à vide, de son bouclier thermique et de deux aimants supraconducteurs en forme de D.

L’installation du module n° 5, qui suit celle des modules n° 7 et n° 6 plus tôt dans l’année, était unique à plusieurs égards : il s'agissait du premier module de fabrication européenne à être installé dans le puits d’assemblage, et il présentait également de nouveaux défis technologiques.

Une vue spectaculaire du module n° 5, prêt à franchir le mur qui sépare le Hall d'assemblage du puits du tokamak.

Le premier défi a consisté à réduire l'écart entre les secteurs lors de la descente du module dans le puits. Au mois de juin, lorsque le module n° 6 a été installé à côté du module n° 7, un écart de 100 mm a d’abord été maintenu entre les secteurs, puis ajusté par la suite. L'objectif pour le module n° 5 était d'obtenir des marges plus serrées afin de se préparer à des opérations futures qui se dérouleront dans un espace plus encombré. L'équipe visait initialement un écart de 50 mm entre les modules n° 6 et n° 5, mais l’occasion s’est présentée d'être encore plus précis. S'appuyant fortement sur l'observation humaine, l'équipe est parvenue à poser le module avec un décalage de seulement 10 mm environ.

« C'est une grande réussite, a déclaré Mathieu Demeyere, ingénieur mécanicien chez ITER, qui a supervisé l'opération. L'équipe est fatiguée, mais heureuse. La nuit a été longue, car les modules étaient très proches les uns des autres, et nous avons dû prendre beaucoup de décisions. Toutefois, cette expérience a été une excellente préparation pour les opérations futures. »

« Nous avons mis en place une approche semi-industrielle, ce qui est très important pour l'assemblage de la chambre à vide, » a déclaré Jens Reich, responsable du programme d'assemblage de la machine.

Pendant la descente, le e deuxième défi a consisté à synchroniser l’alignement du module avec son support (vacuum vessel gravity support). Bien que neuf supports soient prévus pour les neuf modules, le premier support n'a été installé que la semaine dernière, ce qui a fait de l’installation du module n° 5 le premier cas test. Lors de la dernière phase de la descente du module, le point de connexion du support a été délicatement incliné pour bien recevoir l’élément en cours d’installation. Cette opération sera répétée pour les six secteurs suivants, tandis que les deux secteurs déjà en place verront leurs supports gravitationnels positionnés a posteriori.

Le module n° 5 étant désormais en place, Mathieu Demeyere et son équipe se concentrent sur le module n° 8, qui sera installé en janvier 2026.

Jens Reich, responsable du programme d'assemblage du tokamak, a suivi de près toutes les opérations de levage et constaté que l'efficacité augmente à chaque opération réussie. « Nous avons mis en place une approche semi-industrielle, ce qui est très important pour l'assemblage de la chambre à vide. Si on arrive à maintenir cette approche, nous achèverons l'installation des secteurs dans les délais prévus, en 2027. »