Réparations

Au cœur des préparatifs pour une opération très délicate

Le Hall d'assemblage est le théâtre d'un lent et titanesque jeu de chaises musicales. Différents éléments sont transférés d'un point à l'autre du bâtiment, brièvement déposés dans un portique puis de nouveau déplacés, selon un scénario qui n'avait pas été prévu, mais dont l'enchaînement est aujourd'hui parfaitement planifié. Ces mouvements ont un double objectif : libérer les deux portiques de sous-assemblage des secteurs de chambre à vide (SSAT) afin de réparer les non-conformités des secteurs 6 et 7, mais également transférer le secteur 8 vers l'Atelier cryostat, où il fera l'objet d'interventions plus lourdes et partiellement automatisées.
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Cette vue de l'intérieur du Hall d'assemblage nous permet de comprendre la séquence des opérations à venir : sur la gauche, le secteur 7 se trouve dans le portique SSAT-1, où il sera réparé une fois que le panneau d'écran thermique externe aura été démonté. Sur la droite, le secteur 8 est solidement arrimé au berceau de basculement, qui le fera passer de la verticale à l'horizontale en vue de son transport vers un autre bâtiment.
Les opérations de déplacement ont débuté à la fin du mois de janvier, lorsque les bobines de champ toroïdal TF9 et TF8 ont été extraites du portique SSAT-1 et transférées vers le portique SSAT-2. Ces deux bobines étaient installées sur le secteur-module 7, dont l'assemblage était quasiment finalisé lorsque la décision d'interrompre le processus et de les démonter a été prise, à la fin de l'année dernière. Les panneaux d'écran thermique ont été démontés à leur tour et le secteur 7 attend maintenant d'être préparé pour les réparations.

Quant au secteur 8, il se trouvait dans le portique SSAT-2, où les opérations d'assemblage avaient à peine commencé. Le 2 mai, l'élément de 440 tonnes a été retiré du portique et arrimé, toujours en position verticale, au berceau de basculement qui, avec quelques adaptations, sera utilisé pour le faire passer en position horizontale. « Pour extraire un élément, il ne suffit pas d'inverser la séquence d'insertion... et les choses se sont révélées un peu plus complexes que prévu , souligne Bruno Levesy, le responsable du chantier d'assemblage de la machine.

La vue à l'intérieur du Hall d'assemblage nous permet de comprendre la séquence des opérations à venir. Sur la gauche (face au puits d'assemblage du tokamak), le secteur 7 est en place dans le portique SSAT-1, prêt pour les réparations. Sur la droite, le secteur 8 est solidement arrimé au berceau de basculement qui le fera passer de la verticale à l'horizontale en vue de son transport vers l'Atelier cryostat. Plus proche du mur qui sépare le Hall du puits d'assemblage du tokamak, le portique SSAT-2 tient dans ses ailes les bobines TF9 et TF8, une occasion unique, et éphémère, de voir les deux bobines de champ toroïdal côte à côte et de prendre la mesure de leur dimension hors du commun.

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Sur cette photo datée du 25 janvier 2023, orientée face à la porte d'entrée du Hall d'assemblage, on voit le secteur 8 au premier plan ainsi que, sur la droite, une partie de la bobine de champ toroïdal. On aperçoit à l'arrière-plan le secteur 7, toujours équipé de ses panneaux d'écran thermique.
« Bien entendu, notre première priorité est de commencer à travailler sur le secteur 7, ce qui sera possible à la fin de l'année », indique Sébastien Koczorowski, le responsable par intérim de la division qui gère l'assemblage et la livraison des modules des secteurs. D'ici là, le module de secteur 6, qui a déjà été installé, devra être extrait du puits d'assemblage du tokamak (l'opération est prévue à la fin du mois de juillet) et transféré vers le portique SSAT-2 afin d'être démonté et préparé pour les réparations. Quelques semaines avant cette opération cruciale, les bobines TF9 et TF8 devraient être basculées à l'horizontale, installées sur des remorques spéciales et transférées vers une zone de stockage.

La réparation des non-conformités de la chambre à vide se fera en deux étapes. Dans un premier temps, un apport métallique sera déposé au niveau des zones qui se sont rétractées au-delà des tolérances au cours du processus de fabrication puis, dans un deuxième temps, les surfaces seront usinées aux dimensions requises. Dans le cas des secteurs 6 et 7, le dépôt par soudure sera réalisé manuellement. Pour le secteur 8, dont les non-conformités sont plus importantes, la procédure sera partiellement automatisée.

« L'un des principaux défis sera de maintenir la propreté des surfaces internes des éléments, sur lesquelles certains équipements ont déjà été installés, mais aussi de l'environnement de travail, où d'autres activités se dérouleront en parallèle », explique Bruno Levesy. Des « enclos » équipés de leurs propres systèmes de conditionnement d'air (HVAC) et de filtration seront installés afin d'éviter toute dispersion des particules de métal ou de poussière pendant les réparations. Les opérations réalisées dans l'Atelier cryostat seront plus faciles à gérer car l'espace disponible y est beaucoup plus vaste.

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Les opérations de déplacement et de démontage sont une occasion exceptionnelle, et éphémère, de contempler sans obstacle les deux bobines de champ toroïdal (TF9, fournie par l'Europe, et TF8, par le Japon) attachées aux ailes du portique de sous-assemblage.
« À ce stade de la procédure d'appel d'offres, les négociations techniques et financières sont en cours de finalisation avec trois entreprises, toutes expertes dans le domaine des environnements, des contraintes et des réglementations nucléaires, confie Sébastien Koczorowski. Nous attendons la meilleure offre financière et nous pourrions décider de faire appel à plusieurs de ces entreprises. »

La procédure d'appel d'offres pour la réparation de l'écran thermique est également entrée dans sa phase finale. En parallèle, un « pré-examen final de conception » est en cours afin de valider la nouvelle « nuance » d'acier qui sera utilisée pour les tubulures, ainsi que la technique de soudage choisie. Cet examen permettra également d'évaluer les performances de l'acier poli par comparaison avec le placage argent pour les panneaux d'écran thermique qui devront être re-fabriqués. « Nous voulons optimiser la procédure de réparation. À ce jour, nous ne savons pas combien de nouveaux panneaux devront être re-fabriqués. Cela dépendra de la qualité des réparations, que nous examinerons avec soin lorsque l'entreprise sélectionnée nous retournera les deux premiers lots. »

La réparation, lourde et délicate, des trois secteurs de chambre à vide affectés et le remplacement des 23 kilomètres de tubulures du circuit de refroidissement des écrans thermiques débuteront bientôt. Comme l'explique Pietro Barabaschi, le directeur général d'ITER, les conséquences de ces réparations sur le calendrier et les coûts du programme « seront loin d'être négligeables » mais cette situation survient « à un moment où nous pouvons lui apporter une solution. »