
Dans la fabrication des éléments du tokamak ITER, il faut que chacun puisse toucher à tout. C'est l'enjeu pédagogique du programme: participer à ITER, c'est donc apprendre à maîtriser tous les paramètres permettant d'aborder la construction, à l'horizon 2030, d'un prototype de réacteur de fusion industriel. (Tous les éléments de la machine, et donc toutes les contributions des pays membres ne sont pas représentés sur ce dessin).
Si le programme ITER se résumait à construire et à faire fonctionner un tokamak géant, capable de générer plus d'énergie qu'il n'en consomme, tout serait beaucoup plus simple. Mais ITER est bien autre chose : ses promoteurs, dès l'origine, ont voulu que le programme soit une « école » pour les partenaires du programme.Combien ça coûte ?
Les coûts de fabrication d'un même objet, qu'il s'agisse d'un T-shirt ou d'un module de couverture destiné à la chambre à vide d'ITER, varient fortement d'un pays à l'autre.
De même, sur le long terme qui est l'échelle de temps d'ITER, l'évolution des monnaies nationales, du coût du travail et des matières premières, peut connaître d'importantes fluctuations.
Pour s'affranchir de ces contraintes et garantir la stabilité, en valeur, de la contribution de chacun des membres, une « monnaie » spécifique, à usage interne, a été mise en place : l'ITER Unit of Account (IUA). C'est en IUA, ou plutôt en milliers d'IUA (kIUA), que sont libellés des accords de fourniture passés entre ITER Organization et les agences domestiques des partenaires du programme.
L'Europe, qui contribue à hauteur de 45,5% au programme ITER (bâtiments et pièces de la machine), a fixé un plafond de 6,6 milliards d'euros à son engagement (lequel inclut une collaboration bilatérale avec le Japon appelée « Approche élargie »). En extrapolant, on peut estimer estimer que le coût total de l'installation ITER devrait être de l'ordre de 13 milliards d'euros.
Mais ce chiffre ne reflète probablement pas la réalité, car il impliquerait que les coûts de fabrication, dans chacun des pays membres, sont les mêmes qu'en Europe. Or, c'est loin d'être le cas.
Quand bien même la « facture » totale d'ITER s'élèverait à 13 milliards d'euros, il faut rappeler que cette somme, étalée sur dix ans, est partagée entre 35 pays qui représentent 80% de la production de richesse de la planète.
A titre de comparaison, le Qatar investit 150 milliards d'euros dans les infrastructures de la Coupe du monde de football 2022.
Pour la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée, la Russie et les Etats-Unis, ces fabrications représentent 9,1% de la valeur totale de la construction de l'installation. Pour l'Europe qui, outre sa part dans la fabrication des éléments de la machine fournit la quasi-totalité des bâtiments du site, la contribution s'élève à un peu plus de 45% — un investissement compensé par les retombées économiques du programme (4 milliards d'euros de contrats ont été passés depuis 2007) sur le territoire européen.